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Crise de la dette européenne, crise pour la Suisse

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Crise de la dette européenne, crise pour la Suisse

Discours prononcé le 13 mai 2012 au Festival des fanfares radicales démocratiques du Centre, à Riddes, organisé par la fanfare d’Isérables.
Qu’est-ce qui mesure 5.2 millions de kilomètres de long, 6 centimètres de large et 0.1 mm d’épaisseur ? En billets de dix francs alignés, c’est la dette grecque. C’est 14 fois la distance de la terre à la lune.
La dette française, elle, couvre une distance 5 fois plus longue. 70 fois la distance de la terre à la lune. Sans bruit, cette dette s’accroît à une vitesse qui lui interdirait de circuler sur nos autoroutes. Sur l’année écoulée, toujours en additionnant des billets de dix francs, la dette française a grossi encore à une vitesse de 146 kilomètres à l’heure.
Monsieur le Conseiller national,
Monsieur le Conseiller d’Etat,
Madame la vice-présidente du Grand Conseil,
Madame, Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs les autorités,
Chers amis musiciennes et musiciens,
Mesdames et Messieurs,
Voilà 36 ans que notre voisin n’a pas bouclé un exercice financier sur un bénéfice. Plus d’un tiers de siècle à perdre de l’argent.
Les socio-démocrates de tous bords ont réussi à tromper leur monde. A laisser croire qu’un Etat ne pouvant faire faillite, ils laissent penser qu’ils ne rencontreront jamais de problèmes financiers. La politique des caisses pleines, pleines de quittances. Seulement voilà, à trop emprunter, on finit par trembler lorsque vos créanciers frappent à la porte.
D’aucun ont affirmé que la crise que nous connaissions était la crise du libéralisme, la fin d’un modèle. C’est faux, c’est un mensonge. La crise que nous connaissons est celle des fausses promesses de la social-démocratie. La crise de l’idée que nous pouvons offrir des retraites à 55 ans sans jamais les payer. La crise de ceux qui oublient que les collectivités aussi ont une colonne passive dans leur bilan.
Gargarisés par le rejet de l’affreux monde de la finance qui, soi dit en passant, a jusqu’ici garanti les politiques dispendieuses des Etats, un nombre grandissant d’européens choisissent sans aucun courage de dire NON à l’austérité. C’est bien connu, quand on dépense plus que l’on ne gagne, il ne sert à rien de chercher à faire des économies.
Hier il y avait les banques, demain il y aura la planche à billet. Peu importe l’Histoire, peu importe l’inflation, peu importe le chômage, rien n’est assez beau pour satisfaire les promesses inaccessibles de politiciens en mal d’élection.
Les Français, les Grecs et la plupart européens n’ont pas gagné leur niveau de vie. Ils l’ont emprunté. Et plutôt que de choisir la rigueur pour contredire leurs mauvaises habitudes, ils préfèrent s’enfoncer encore. Derrière leurs pactes de croissance, il n’y a que la volonté de charger un peu plus la barque, quitte à couler le navire.
Et nous dans tout ça ? Nous avons fait l’inverse. Alors que nos partenaires financiers s’endettaient et s’endettaient, nos ministres des finances fédéraux et cantonaux ont tenu le cap, au point que notre endettement a diminué drastiquement ces dix dernières années. Merz, Villiger : autre chose que des capitaines de pédalo. Nous avons rejeté le miroir aux alouettes, avec le frein à l’endettement, et, la dernière fois, en refusant six semaines de vacances, chose que nos voisins français seraient bien incapables de comprendre.
Et pourtant, nous, Suisses, Valaisans, sommes menacés directement par la folie dépensière de nos voisins. Si, demain, les économies européennes sont à terre, nous serons les premiers à en souffrir, à commencer par la force de notre monnaie et notre dépendance commerciale.
Nous nous sommes montrés jusqu’ici conciliant. Nous, Suisses, n’avons pas joué la carte solitaire, mais solidaire. Nous avons accepté de nombreuses concessions. Des milliards prêtés au FMI à l’abandon du secret bancaire, la Suisse a joué, à son échelle, le pompier de service.
Mais, à un moment qui est peut-être arrivé, il est temps pour nous aussi de dire « ça suffit ». Nous ne pouvons accepter de revenir sur des valeurs qui sont ancrée dans notre histoire et notre tradition, comme la distinction entre fraude et évasion fiscale, si nos voisins ne font aucun effort. Nous ne saurons injecter encore des milliards de francs de nos impôts dans le Fonds monétaire international si ce n’est que dans le but d’augmenter encore un peu le poids d’Etats tentaculaires.
Par le jeu de la mondialisation, il est vrai que notre destin n’est pas entièrement dans nos mains. Nous n’avons toutefois pas perdu notre souveraineté, notre droit de refuser le dictat imposé par une poignée de dirigeants qui s’imaginent déjà puiser dans nos ressources pour assouvir leurs soifs incommensurables de dépenses.
Nous devons le faire pour la Suisse, pour les Suisses et pour notre avenir. Bonne fête maman !

Commentaires

4 Comments

  1. Les annonces du nouveau président français ne vont en tout cas pas vers une direction d’austérité mais plutôt vers des dépenses publiques inutiles (qui a dit « bloquer le prix du diesel pendant 3 mois » ?)
    Bref, la question n’est pas de savoir si c’est la gauche ou la droite qui dirige mais d’observer le plan suivi. En Suisse, gouverné par la gauche et la droite rappelons le, on ne dépense pas plus que ce que l’on a. Et cela me semble être un choix judicieux et prudent.

  2. Disons ces dix dernières années plutôt (Jospin 1998 – 2002), mais je ne crois pas avoir affirmé que la France avait été dirigé par la gauche ces dix dernières années, non ?

  3. faut arreter de raconter n’importe quoi . la france a été diriger ces 15 derniers années par la droite !!


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