Discours prononcé à Farvagny (FR), le 31 juillet 2012.
D’ordinaire, un discours politique, en particulier le jour de notre fête nationale, débute par les traditionnelles salutations de rigueur, aux autorités civiles et religieuses, à la population en général, à nos hôtes étrangers, aux amis du voyage.
Une fois n’est pas coutume, je me permets de vous saluer tous d’un coup.
Chers Confédérés.
Chers Confédérés, parce que nous sommes Confédérés, vous les Confédérés de Fribourg, moi le Confédéré du Valais. J’en profite pour saluer nos autre Confédérés, de Berne, de Vaud et des 22 autres cantons.
Cette formule qui ne tombe pas du ciel se réfère à l’un des piliers les plus fondamentaux de notre nation, le fédéralisme. Ce principe qui veut notamment que les Etats, les cantons, malgré leur souveraineté, se serrent les coudes face à l’adversité. Et l’adversité, nous la connaissons aujourd’hui avec les crises à répétition qui nous entourent.
Voilà 36 ans que notre voisin n’a pas bouclé un exercice financier sur un bénéfice. Depuis 1976, l’Etat français perd de l’argent. Même lorsqu’ils vendaient des licences de téléphonie mobile à des prix de vilains, la République une et indivisible dépensait plus qu’elle ne gagnait.
Les démagogues de tous bords ont réussi à tromper leur monde. Avec l’affirmation douteuse qu’un Etat ne pouvait pas faire faillite, ils ont laissé entendre qu’ils ne rencontreraient jamais de problèmes financiers. C’est la politique des caisses pleines qui a été menées, des caisses pleines de quittances. Seulement voilà, à trop emprunter, on tremble lorsque vos créanciers frappent à votre porte.
Les indignés de tous bords affirment que nous vivons la crise du libéralisme, la fin d’un modèle. C’est faux, c’est un mensonge. Nous traversons la crise des fausses promesses. La crise de l’idée que nous pouvons offrir des retraites à 55 ans sans jamais les payer. La crise de ceux qui oublient que les collectivités publiques ont aussi une colonne passive dans leur bilan.
Gargarisés par le rejet de l’affreux monde de la finance qui, soi dit en passant, a jusqu’ici permis les politiques dispendieuses des Etats, un nombre grandissant d’Européens choisissent, sans aucun courage faut-il le souligner, de dire NON à l’austérité. Austérité, un terme bien lourd quand on sait qu’il ne signifie en réalité qu’équilibre budgétaire.
Hier il y avait les banques, demain il y aura la planche à billet. Peu importe l’Histoire, peu importe l’inflation, peu importe le chômage, rien n’est assez beau pour satisfaire les promesses impossibles de politiciens en mal d’élection.
Les Français, les Grecs et la plupart des Européens n’ont pas gagné leur niveau de vie.
Ils l’ont emprunté.
Et plutôt que de choisir la rigueur pour contredire leurs mauvaises habitudes, ils préfèrent s’enfoncer encore. Derrière leurs pactes de croissance et leurs eurobonds, il n’y a que la volonté de charger un peu plus la barque, quitte à couler le navire.
Et nous dans tout ça ? Nous avons fait l’inverse. Alors que nos partenaires financiers s’endettaient et s’endettaient, nos ministres fédéraux et cantonaux ont tenu le cap, au point que notre endettement a diminué drastiquement ces dix dernières années. Qu’on l’aime ou qu’on l’accuse, notre gouvernement n’est pas composé de capitaines de pédalo. Nous avons rejeté le miroir aux alouettes, avec le frein à l’endettement, et, la dernière fois, en refusant six semaines de vacances, chose que nos voisins seraient bien incapables de comprendre.
Et pourtant, nous, Suisses, sommes menacés directement par la folie dépensière de nos voisins. Si, demain, les économies européennes sont à terre, nous serons les premiers à en souffrir, à cause de la force de notre monnaie et de notre dépendance commerciale.
Nous nous sommes montrés jusqu’ici conciliant. Nous, Suisses, n’avons pas joué la carte solitaire, mais la carte solidaire. Nous avons accepté de nombreuses concessions. Des milliards versés au FMI à l’abandon du secret bancaire, la Suisse a joué, à son échelle, le pompier de service.
Mais, à un moment qui est peut-être arrivé, il est temps pour nous aussi de dire « ça suffit ». Nous ne pouvons accepter de revenir sur des valeurs qui sont ancrée dans notre histoire et notre tradition, comme la distinction entre fraude et évasion fiscale, si nos partenaires ne font aucun effort de leur côté.
Dernièrement encore, certains ont demandé que nous incluions dans un contrat avec la Germanie l’interdiction d’employer contre nos clients des preuves volées, des preuves illégales.
Un peu comme si l’on vous accordait un rabais en contrepartie duquel vous renonceriez à cambrioler votre fournisseur.
Moi qui croyait qu’on ne négocie pas avec les terroristes.
Je refuse que mon pays continue à lâcher des milliards de francs de nos impôts dans le Fonds monétaire international si ce n’est que dans le but d’augmenter encore un peu le poids d’Etats tentaculaires. Je refuse que nous sacrifions nos valeurs libérales pour simplement payer la facture des politiques clientélistes de quelques mégalomanes.
Contrairement à ce que tentent de faire croire les membres du G20, la Suisse n’a aucune dette morale vis-à-vis d’Etats qui découvrent en 2012 qu’ils ont dépensés trop durant des décennies. Qu’ils s’appellent Hollande, Sarkozy ou Obama, tous ont traité mon pays de paradis fiscal alors qu’ils transforment le leur en enfer fiscal, fruits de leur gestion calamiteuse et clientéliste.
La Suisse est prête à aider, prête à participer à l’effort de sortie de crise, de désendettement des Etats. Nous sommes prêts à négocier des aménagements dans l’application du secret bancaire que même le monde de la finance accepte de soutenir.
Nos partenaires, eux, ne sont pas prêts. Ils n’admettent aucune de leurs erreurs, ne reconnaissent pas que l’urgence invoquée ne provient que de la faillite programmée par leurs politiques démagogues.
Et ils espèrent encore en financer d’autres en saisissant les biens helvétiques.
S’ils pensent gagner en jouant les gros bras, ils se retrouveront face à un obstacle probablement plus solide qu’ils ne le croient: la démocratie directe, notre démocratie directe, qui n’a besoin d’aucun accord ou de CD volé pour s’appliquer.
En cette veille de fête nationale, nous devons nous réjouir de vivre dans ce pays qu’est notre Suisse, continuer à la gérer avec intelligence et responsabilité, en respecter ses valeurs fondamentales que sont le fédéralisme et la démocratie directe, et le dire, haut et fort : « Nous aimons la Suisse ».
Nous devons le faire pour les 26 cantons, pour la Suisse, pour les Suisses et pour notre avenir. Chers Confédérés, Excellente fête nationale.
Discours de fête nationale 2012

Commentaires
Une réponse à “Discours de fête nationale 2012”
-
Impec, je me suis permis de l’imprimer et de le diffuser !
Laisser un commentaire