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Greta Thunberg, le message et la messagère

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Greta Thunberg, le message et la messagère

Voici la chronique que je m’étais promis de ne pas écrire avant les élections. Peut-être même de ne jamais écrire.

C’était en 1999. J’étais aussi adolescent, aussi à New York. Je l’avoue, j’avais pris un avion de ligne. Ce catamaran du pauvre. J’y étais pour un projet informatique, dans une de ces start-up qui ont disparu dans le tsunami qui a emporté la moitié du Nasdaq en 2001. De retour, j’ai aussi eu droit à certaines faveurs de la presse. Du genre de l’enfant prodige. Ça a dû en agacer plus d’un. J’arborais déjà cette tête à claques à laquelle on griffonne des moustaches au bord des routes. Et c’est aussi pour cela que je m’émeus des attaques qu’elle subit. Que j’ai de la sympathie pour Greta Thunberg. Pour la personne. Pour la jeune femme de 16 ans qui croit à ce qu’elle fait.

Son message, par contre, c’est une autre histoire. Et en particulier son discours à l’ONU et le nombrilisme de son «How dare you?» qui frise l’indécence.

Les dirigeants du monde ne se sont pas réunis pour parler de croissance infinie. Ils se rencontrent pour parler réchauffement climatique. Et y trouver des solutions.

Cent mille personnes manifestent parce que rien ne se passe. Et l’on insulte quand quelque chose arrive. Que veulent les grévistes du climat? Une thérapie collective new age ou des réponses sérieuses?

Il y a encore eu cette plainte. Contre les pays qui n’en feraient pas assez. Pas contre la Chine. Pas contre l’Amérique. Non. Ces pays se partagent presque la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Non, on porte plainte contre l’Allemagne. Ce pays qui débloquait la veille 100 milliards d’euros pour le climat. Le message est clair: ne faites rien, ça vaut mieux.

Et puis, il y a cette phrase qui choque. «Vous avez volé mes rêves d’enfant.» Lancée à une assemblée qui compte, entre autres, le président indien. Un pays où plus de 170 millions de personnes vivent avec moins de 1,70 dollar par jour. Où des millions d’enfants, bien plus jeunes que Greta Thunberg, travaillent quotidiennement pour nourrir leur famille, dans des conditions qui n’ont rien de suédois.

On peut agir pour le climat sans injurier les millions de personnes qui s’engagent au quotidien, partout, à tous les échelons, pour essayer de rendre le monde un peu meilleur. Et cela n’est pas s’en prendre à une jeune femme que de le dire.

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