Avec trois amis, je pars à la découverte de quelques pays de l’Est européen, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de l’Union. Aujourd’hui, le passage entre Ukraine et Roumanie.
Les opposants à la libre circulation des personnes ont souvent rappelés que des hordes d’étrangers se pressaient à la frontière extérieure de l’UE pour pénétrer sur notre précieux territoire. Sur place, le constat n’est pas aussi évident.
Odessa, sud de l’Ukraine, le 15 juillet 2008. Trouver sur place un moyen de se rendre en Roumanie relève du parcours du combattant. En dehors de quelques croisières de luxe, rien ne semble ouvrir la route vers le nouveau pays membre de l’Union. A défaut de trouver mieux, nous décidons d’emprunter un minibus jusqu’à Izmail, petite ville au bord du delta du Danube et surtout se situant à la frontière ukraino-roumaine. Six heures de vibrations et de tremblements plus tard, nous débarquons dans une petite gare routière. Trouver un autochtone s’exprimant en anglais, en allemand ou en français relève de la gageure et ce n’est qu’après quelques appels retentissant dans une salle d’attente comble que nous parvenons enfin à communiquer. Enfin, communiquer est un grand mot.
A 5 kilomètres de la frontière extérieure de l’Europe, il paraît quasiment impossible de rejoindre la Roumanie. En désespoir de cause, nous acceptons l’offre d’un taximan qui aurait entendu parler d’un poste frontière plus au nord, à Reni. Le trajet en voiture n’est pas de tout repos : il se résume à la traversée d’un no mens land avec sur notre gauche des kilomètres de barbelés et sur notre droite des steppes marécageuses. Au loin, les montagnes moldaves. Notre chauffeur s’affaire depuis le départ à téléphoner. Nous dépasse alors un van noir, aux vitres teintées. Celui-ci s’arrête 50 mètres devant nous, nous nous garons derrière. Sortent deux personnages baraqués : la peur nous envahit. Après une longue discussion, nous réalisons que ces personnages trafiquent un peu de tout et font taxi de sept en quatorze. 60 euros, c’est le prix proposé pour amener quatre jeunes en Roumanie. Le choix n’en est pas vraiment un, nous nous retrouvons dans ce taxi particulier. Traversée d’un village, d’un second, échange d’un vélo d’enfant contre quelques billets, nous voici enfin à la frontière moldave. S’ensuivent quatre postes frontières, avec des douaniers tous plus surpris les uns que les autres de voir des citoyens suisses. C’est vrai qu’à l’exception de deux voitures de touristes et de plusieurs TIR, nous sommes les seuls à passer ce poste à sens unique. Je vous épargne les discussions avec les fonctionnaires sur place, l’un parlant français, l’autre uniquement anglais, certains observant nos passeports avec surprise, d’autres nous passant carrément les menottes, pour rigoler, on s’entend.
Partis à 6h30 du matin, nous nous retrouvons à 18h à Galati, au nord de la Roumanie. L’objectif est atteint, nous avons passé la frontière, obtenu quelques tampons de plus dans nos passeports respectifs. Vu les difficultés que nous avons rencontrés pour passer en toute légalité, nous réalisons que les dires de l’UDC sur les hordes de barbares prêts à envahir notre continent sont quelque peu exagérées. Imaginez : ils habitent à cinq kilomètre de la fameuse barrière et ne savent même pas qu’elle existe.
La frontière
Commentaires
Une réponse à “La frontière”
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Pas mal…
ça me rappelle quelques souvenirs mémorable. Il ne faut pas oublier non plus le douanier roumain, qui regardant notre passeur d’un air dédaigneux nous a demandé ce que l’on fichait avec un type comme ça…
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