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Le chevalier vert

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Le chevalier vert

Le dernier Batman sur grand écran, voilà de quoi égayer cette fin d’été. Sans être un immense fan du genre, il faut reconnaître que le dernier opus des aventures du super héros est vraiment réussi.
Au-delà des explosions et des effets spéciaux à vous couper le souffle, le film cache une morale amusante. Dans cette histoire, le rôle de Batman est remis en question par la venue d’un nouveau procureur, très populaire et très carré dans ses choix. Un incorruptible. Celui-ci s’engage à nettoyer la ville de la mafia et régler une fois pour toutes le problème de l’insécurité. D’abord sceptique, Batman reconnaît finalement que son temps est passé et que sa ville a intérêt à s’appuyer sur un agent public sans peur et sans reproche. Batman finit même par déclarer «, ‘ je suis le héros dont Gotham avait besoin, il est le héros que Gotham mérite ».
Cette petite phrase m’a tout de suite rappelé une certaine initiative qui sera soumise au peuple et aux cantons le 30 novembre prochain. Vous l’avez deviné, je veux parler de la limitation du droit de recours des organisations. Le rapport avec Batman ne vous saute pas aux yeux ? Et pourtant ! En 1966, le Parlement fédéral avait accordé un droit de recours à 30 associations de protection de l’environnement pour faire appliquer le droit fédéral. Un peu comme aux débuts de Batman, le pays ne disposait pas des compétences et de l’administration pour réaliser les missions qu’il s’était attribuées au travers de sa nouvelle Loi sur la protection de la nature. Dans le film, il en allait de même : Gotham avait besoin d’un super héros pour pallier les carences sécuritaires de l’administration publique. En bref, dans un cas comme dans l’autre, il valait mieux confier des tâches publiques à des privés plutôt que de ne pas les remplir du tout.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Gotham s’est vue dotée d’une police digne de ce nom, avec à sa tête un procureur valeureux, prêt à reprendre en main le travail du super héros. En Suisse, les administrations fédérales et cantonales en matière d’aménagement du territoire, de protection de l’environnement, des eaux ou des forêts ont vu leur budget annuel cumulé passer de zéro à plus de 5 milliards de francs aujourd’hui. Dans un cas comme dans l’autre, l’administration publique s’est trouvé les moyens d’appliquer sa volonté.
Batman admet que son temps est terminé. Il vaut mieux confier les missions de police à des organismes transparents, surveillés par la puissance publique et soumis à un contrôle digne de ce nom plutôt que de le laisser dans les mains d’un héros obscur aux ailes de chauves-souris. Il serait heureux que les associations de protection de l’environnement reconnaissent que leur mission de super héros est désormais révolue. Plutôt que de défendre bec et ongles un droit d’exception mis en place à une époque où elles étaient les seules à avoir une vraie conscience environnementale, elles devraient se réjouir de constater le chemin parcouru et, enfin, passer la main. Comme Batman.

Commentaires

2 Comments

  1. Ce n’est pas vrai.
    C’est évidemment normal que ce budget englobe tant de choses. L’armée se charge de la justice militaire et de son administration dans son budget ordinaire. Nous prétendons que sur 5 miliards, il y a la marge pour faire ce boulot.
    Les administrations font déjà en partie le travail et on aimerait qu’elles le fassent complètement, donc sur ce budget.
    D’ailleurs, les associations sont riches, mais ne dépensent pas 5 milliards par années pour le droit de recours.
    Allez, comptons 50 millions par année répartis entre les cantons et la Confédération pour remplacer le boulot des associations. C’est tout à fait à la portée de l’état et on peut dépenser cet argent sur les 5 milliards de francs sans trop de dégât. Peut-être qu’une ou deux études fédérales sur les loups ne sera pas conduite, mais c’est là une tâche beaucoup moins étatique que la surveillance du territoire…
    Donc: pas d’augmentation d’impôts, mais une rationalisation des budgets. D’autant plus que si tes chiffres sont justes, 500 millions de francs par année, soit Frs. 500’000’000.00, me paraissent largement suffisant pour vérifier la légalité des quelques centaines d’objets soumis à Etude d’impact chaque année…

  2. Pour information aux lecteurs, le montant de 5 milliards cité ci-dessus inclut 2.8 mia d’épuration des eaux et de traitement des ordures par les communes. Il contient aussi 0.9 mia de correction des eaux, protection contre les avalanches et aménagement du territoire. Il y a enfin 0.7 mia du budget de l’office fédéral de l’environnement. Le reste, 0.5 mia, représente peut-être les budgets cumulés des services cantonaux chargés de l’application du droit environnemental (y compris sécurité, p.ex chimique et accidents majeurs).
    Sous-entendre que l’épuration des eaux, le traitement des ordures par les communes, l’aménagement etc. n’existaient pas avant 1966 est évidemment hautement fallacieux!
    Il faut aussi ne pas se leurrer: l’argent qui sert à faire appliquer le droit environnemental lors de la mise à l’enquête de nouveaux projets, à disposition des cantons (une partie des 0.5 mia) est dérisoire en regard de la tâche effectuée actuellement par les associations.
    Conclusion: pour être conséquents, les Radicaux devraient proposer d’incorporer les associations aux services cantonaux, et devraient donc demander aux contribuables de les payer. Splendides Radicaux.


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