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L’Etat-providence n’est certainement pas la solution aux problèmes du tourisme valaisan

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

L’Etat-providence n’est certainement pas la solution aux problèmes du tourisme valaisan

Article publié dans le Confédéré, le 13 décembre 2013
Le Grand Conseil valaisan s’est enfin attelé à l’écriture de la nouvelle loi sur le tourisme. D’aucun lui reproche d’être trop courte, de manquer d’ambition, et de ne pas prévoir suffisamment d’instruments pour ce secteur économique qui vit une crise identitaire peut-être sans précédent. D’une manière générale, je préfère tirer mon chapeau au courage du Conseil d’Etat qui a su proposer un projet svelte et intelligent plutôt qu’une usine à gaz inutile.
Le tourisme n’est pas la première industrie en Suisse qui traverse une tempête. En terme de taille d’entreprises et d’emplois, on peut comparer ce secteur à l’horlogerie qui a connu des déboires dramatiques au cours du XXème siècle.
Après la grande dépression, la Confédération a tenté de sauver la montre suisse en mettant sur pied des institutions publiques réunissant les producteurs sous l’égide de quelques banques. Curieusement, c’est finalement cette organisation qui a été le fossoyeur de notre horlogerie, lui imposant un protectionnisme qui a failli la ruiner définitivement. Incapable de faire face à la concurrence japonaise, les cartels instaurés en Suisse n’ont fait que creuser un peu davantage la tombe d’une industrie moribonde.
Ainsi, ce n’est ni l’Etat, ni sa promotion économique qui ont relancé la montre suisse, dont la part de marché mondiale avait passé de 83% en 1970 à 15.3% en 1983, mais l’intelligence et la force d’entrepreneurs comme Nicolas Hayek. Heureusement, le législateur neuchâtelois, sous prétexte de favoriser la « qualité », n’a pas interdit les cadres en plastique au début des années quatre-vingts. Il n’a pas non plus estimé qu’une commission cantonale devait fixer les priorités économiques de l’horlogerie, il n’a pas cherché à financer la relance économique par de nouveaux impôts.
Les questions posées aujourd’hui ressemblent à s’y méprendre à celles auxquelles ont été confrontées les autorités politiques des montagnes jurassiennes de l’époque. Qui doit analyser et anticiper l’évolution du marché ? Qui doit assurer la promotion des stations valaisannes ? A mon avis, certainement pas l’Etat.
A l’image de l’industrie horlogère jurassienne, notre économie touristique repose sur les compétences d’entrepreneurs et d’indépendants. Je ne crois pas que les autorités politiques soient à même de définir les qualités des offres touristiques qui plairont à notre clientèle, pas plus qu’elles ne puissent orienter convenablement l’économie privée.
Combien de fois entend-t-on les responsables politiques affirmer que la « qualité » constitue la condition sine qua non d’une relance du tourisme ? Et s’ils avaient tort ? Si la solution résidait davantage dans un tourisme low cost ? Ou dans d’autres formes de tourisme encore inexplorées ?
La Suisse est le numéro un mondial de l’innovation. Ce que les entrepreneurs helvètes ont été capables de faire dans la finance, dans l’industrie des machines-outils ou dans la pharmaceutique, ils seront capables de le faire dans le tourisme. Le Valais doit sortir de cette idée fatale que l’on résout un problème économique à coup de décrets et de taxes.
Le groupe PLR a dès lors proposé quelques petites modifications dans la loi sur le tourisme, à commencer par l’inclusion des acteurs privés du tourisme dans les responsables de l’organisation du secteur économique, la suppression de la tâche publique d’anticiper et d’analyser les évolutions de la branche et confié à Valais Wallis Promotion, plutôt qu’à l’Etat, la promotion touristique à l’échelle cantonale.
Il s’agit là de quelques corrections cosmétiques, l’essentiel est ailleurs : c’est notre approche de ce secteur économique qui doit changer avant tout. Cesser de croire aux vertus absolues de l’Etat-providence et faire confiance à l’entrepreneur, à l’individu. Et, j’en suis persuadé, c’est ainsi que nous pourrons profiter d’une économie plus solide.

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