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Rail 2050 : une vision pour la Suisse

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Rail 2050 : une vision pour la Suisse

Nos voisins français, italiens et allemands ont compris que l’avenir du trafic aérien court-courrier est condamné à moyen terme en tant que transport de masse, notamment en raison de la hausse du prix des carburants, des nouvelles mesures environnementales, de la saturation de l’espace aérien ou même – cas d’exception certes – de quelques éruptions volcaniques…
Chez nous, les projections des CFF sont pour le moins inquiétantes : nous devons nous attendre à un doublement du nombre de passagers dans les trains suisses d’ici 2030. Aujourd’hui déjà, plus de 50% de la population suisse possède un abonnement de transports publics. Ceux qui ont l’habitude prendre le train aux heures de pointe comprennent que les infrastructures actuelles doivent être largement redimensionnées pour répondre à cette évolution, et cela de toute urgence.
Face à ces constats, plusieurs voix commencent à se faire entendre et réclament une nouvelle vision la Suisse ferroviaire. Parmi celles-ci, Daniel Mange a publié récemment un excellent ouvrage intitulé « Plan Rail 2050, plaidoyer pour la vitesse »[1]. Ce plan reprend les nombreuses études concernant la construction de lignes à grande vitesse en Suisse et des connexions avec les LGV étrangères.
Le projet est pour le moins enthousiasmant. Dans les pas d’Olivier Français, Daniel Mange soutient la création de la croix fédérale de la mobilité, reliant Genève à St-Gall d’ouest en est et Bâle à Milan du nord au sud. En construisant de nouvelles lignes à grande vitesse, on déchargera les voies actuelles du trafic national et augmentera ainsi la capacité du réseau d’autant. Vitesse et capacité sont complémentaires, pas antinomiques comme certains l’ont souvent laissé entendre.
Question vitesse, depuis Lausanne, le voyageur rejoindra Genève en quinze minutes, Berne en trente, Zurich en une heure. Du point de vue international, se rendre à Paris ne prendra plus que deux heures trente et Londres, Barcelone et Bruxelles seront à moins de cinq heures… de train ! Il va sans dire qu’une révolution pareille donnera un coup de fouet à notre économie, renforcera la cohésion nationale et nous rapprochera tous. Quand on sait à quel point le Lötschberg a transformé les habitudes des Valaisans, on peine à imaginer les conséquences extraordinaires d’un vrai projet de liaisons à grande vitesse pour toute la Suisse.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’une politique plus visionnaire que celle qui nous est proposée avec Rail 2030 et son bricolage généralisé. Le constat est cinglant : la Suisse est sur le point de rater la construction des grandes lignes européennes. Plutôt que de nous donner les moyens de projets visionnaires, nous réfléchissons comment nous résoudrons en 2030 les problèmes de 2010 !
Au XIXe siècle, nos ancêtres ont investi des moyens pharaoniques pour nous offrir le réseau dense que nous connaissons aujourd’hui. Dans les années cinquante, nos parents ont su renforcer Cointrin et Kloten pour que la Suisse reste au centre des voies de communication internationales. Dans les années soixante, ce sont les autoroutes qui ont permis que notre pays reste au top en matière de transports. Nous devons prendre aujourd’hui nos responsabilités et continuer ce travail d’innovation permanente, tant notre génération que les futures en ont cruellement besoin.


[1] Daniel Mange, « Plan Rail 2050 », Le savoir suisse, PPUR, Lausanne, 2010.

Commentaires

1 Comment

  1. Est-ce l’heure sera encore au transport des personnes en 2050. Si oui, il est clair qu’un plan d’attaque est nécessaire. Si ce sont les choses qui se déplaceront en 2050 et plus les personnes (ce que j’espère) alors c’est une tout autre direction qu’il faut prendre.
    Un mix des deux est évidemment la situation qui va se présenter mais dans quelles proportions, mystère.


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